La Tisseuse

Extrait d'un journal: http://equipagemaraude.free.fr/viewtopic.php?t=260

Elle m'a reçu dans la cabine du Capitaine, assise en tailleur sur le lit.
Sans doute c'était sa façon à elle de me faire passer un message. Un peu comme si elle marquait son territoire.

A son regard, j'ai bien vu qu'elle faisait un effort surhumain pour grimacer ce sourire là.
Je lui en ai pas voulu, parce qu'au moins elle faisait l'effort, pour moi, et ça m'a touché.
Alors j'ai pas voulu lui faire peur tout de suite.
J'ai commencé par regarder les livres épars sur le lit, j'en ai pris un au hasard. "Tisseuse de pénombre"
Elle a vraiment de curieuses lectures.

je lui ai montré le livre et j'ai demandé si elle s'intéressait aux araignées depuis longtemps.
Elle a semblé hésiter, a poussé un long soupir, et puis m'a dit que non, qu'elle cherchait comme moi des réponses.
j'ai ouvert le livre là ou elle avait glissé une feuille de palerette en guise de marque page.

Citation:
Elevez les enfants dans la vénération et la peur.. Egorgez les esclaves et les mâles. Les faibles seront éliminés.


Vraiment très curieuse lecture…

J’ai relevé la tête, et elle a du voir mon air surpris, parce qu’elle a dit
- oui, je sais… c’est très… ça fait vraiment peur, n’est ce pas ?

son regard s’est déplacé vers le livre ouvert devant elle.
- Dites moi, Euphémia, connaissez vous l’esprit animal enseignés aux druides ?

J’ai sursauté et je sais que je suis devenue écarlate, mais le regard toujours fixé sur les pages du livre, elle n'a pas semblé s'en appercevoir.
- l’esprit animal ? heu.. oui, un peu… je sais ce à quoi l’enseignement des Maîtres leur permet d’accéder. Mais je n’ai jamais vu aucun druide se fondre dans l’esprit Arachnéen.
- Peut être y a-t-il une raison à cela…
- vous croyez que cet esprit là a pu être corrompu par la Légion ?
- l’esprit lui même non, mais l’utilisation qu’on peut en faire. Vous savez, certains d’entre nous sont désormais en quête perpétuelle de pouvoir.
Elle a soupiré
- Dans leur folie destructrice l’équilibre de la nature ne devient qu’une excuse à leurs abominations

Elle a relevé la tête vers moi et son regard s'est rétréci.
- Mais vous n’êtes pas venue me parler d’araignées, n’est ce pas ?

Là , j’ai décidé d’y aller franchement. De toute façon, je crois qu’elle savait déjà pouquoi j'étais là. Sa réponse était déjà prête.

Je suis sortie du bateau un peu plus légère, ses mots flottaient dans mon esprit comme autant de bulles d'apaisement
- oui, Euphémia. Même si c’est long et parfois douloureux, la réponse est oui.

Elle a rajouté que j'en étais la preuve vivante, et là j'ai pas compris à quoi elle faisait allusion.
J'ai juste eu l'impression de voir une lueur au fond de son regard quand elle a prononcé le mot "vivante"